Registres de l'Academie

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Protokoll des 15. Januar 1768

Déclaration des Commissaires faite à l'Académie le 15 Janvier 1768 par M. de Beausobre

    Messieurs

    Il y a trois ans écoulés qu'il plut au Roi de nommer une Commission pour arranger les affaires oeconomiques de l'Academie, c'est à dire pour travailler à tirer un plus grand parti des fonds qui lui appartiennent. Les premiers arrangemens qu'on prit firent esperer une augmentation considerable, et le Succès a repondu aux esperances. Dès que les revenus de l'Academie furent assurés, on présenta à S. M. un état de depenses convenables à un corps de gens de lettres, dont le but est d'aggrandir la sphere des connoissances humaines; le Roi daigna approuver cet Etat, et cette genereuse disposition de notre auguste Protecteur anima nos coeurs patriotiques d'un nouveau degré de zele, et il n'y a rien, Messieurs, que nous n'ayons faits pour meriter vos Suffrages, pour repondre aux intentions du Roi, et pour nous procurer la douce satisfaction d'avoir travaillé au bien public sans aucune vue d'interêt.

    Je ne puis Messieurs vous en donner une preuve plus complette, qu'en m'acqittant aujourd'hui de la commission dont je me suis chargé! Il s'agit de vous inviter, de vous prier même de vouloir bien assister à nos conferences, de prendre connoissance de l'état actuel des affaires oeconomiques de l'Academie, et de voir par vous mêmes si notre conduite et nos arrangemens ont repondu à ce que l'on pouvoit exiger de personnes qui n'ont d'autre but que l'honneur et le bien être de l'academie.

    Si l'on pouvoit croire que cette invitation est une espece de recompense que nous cherchons, puisque pour les amis honnetes la plus belle recompense est l'eloge des gens éclaircis, je vous dirois Messieurs qu'un motif bien superieur nous engage à cette demarche. Il se peut que quelqu'un de nous, peut être plus d'un vienne à se trouver dans l'impossibilité de vaquer aux affaires de l'Academie, vu qu'il souhaite de s'absenter, vu que la mort enfin l'enleve: que feroient alors ceux qui seroient à leur place chargés de ce soin? Trois années de travail nous ont mis au fait de mille choses que nous avons ignorées longtemps, et ne croyez pas, Messieurs, que ce soient des bagatelles, nous pourrons vous convaincre aisement que pour peu qu'on neglige les affaires nos successeurs s'en ressentiront. Ce qui est une fois perdu ne se retrouve pas aisement: des droits negligés ne se recuperent pas, des abus introduits insensiblement ne se retablissent pas facilement, des degats que la negligence et l'abandon amenent ne sont retablis qu'avec des frais enormes. Les exemples ne nous manquent pas. L'ordre est l'ame de tout: c'est tout bouleverser que d'accuser de pedanterie cette scrupuleuse exactitude, qui dans les affaires de finance lient les mains aux fripons, dans les affaires de droit coupe court aux chicanes, dans les affaires de bienseance evite les demêlés, les mésentendus et les animosités

    Un corps comme l'Academie est respectable partout où il y a des hommes qui usent de leur raison: mais plus il est respectable, plus on doit être scrupuleux pour tout ce qui le regarde. La partie litteraire n'est pas ce qui nous concerne, ce que nous devons Messieurs chercher à étendre et à conserver, ce sont les privileges, les fonds et les revenus, ce que nous devons chercher à diriger avec oeconomie ce sont les depenses. Ces objets Messieurs meritent toute l'attention possible, mais pour en connoitre l'importance il faut se mettre au fait de l'etat actuel, et c'est à quoi nous osons vous inviter, afin que s'il arrive que dans la suite des tems nous aïons des successeurs, la gestion des affaires oeconomiques puisse être remise entre les mains de quelques academiciens et ne pas passer entre des mains étrangeres, ce qui pourroit peut etre devenir necessaire si aucun de vous Messieurs n'étoit instruit de ce qui regarde cet objet.

    Note de Formey: Il faut copier ce discours dans le Registre à la suite de l’Assemblée du 14 Janvier.